Il aura fallu presque 35 ans pour que je trouve le bon moment pour aller en Bretagne. Pourtant elle me fait de l’œil depuis longtemps. Je l’ai toujours imaginée mystérieuse, mystique voire magique, un peu rebelle aussi. Ma grand-mère m’a souvent parlé de la Bretagne, elle qui aime tellement cette région. Au fil des années et de ses voyages, elle en a quasiment fait le tour complet en randonnée !
Au début de l’année je m’étais dit que l’on irait au printemps, quand le temps serait plus clément. Puis le raz-le-bol de l’hiver, de la ville, du boulot en ont décidé autrement. Fin janvier, j’ai pris deux aller-retour Paris-Rennes en Ouigo pour le week-end du 16 février et un hôtel à Saint-Malo. Vu la période, je me disais qu’on profiterait du spa de l’hôtel et qu’on se gaverait de crêpes et de kouign amann au chaud en regardant la pluie tomber. Finalement, il en a été tout autrement.
Avant de partir, ma grand-mère m’avait donné de précieux conseils et indiqué les lieux qu’elle avait particulièrement aimés. Le week-end en a été fortement inspiré.
En bref
2 jours | 1 nuit Budget :- Paris-Rennes (aller-retour 70 € /pers)
- Voiture de location à la gare de Rennes (80 € /2 jours)
- Hôtel Le Grand Bé (120 € /nuit)
Cancale et ses huîtres
En arrivant à Rennes, on est accueillis par un brouillard à couper au couteau. On commence à avoir des doutes sur ce qu’avait prédit la météo. On prend la voiture de loc à la gare puis on met le cap direction Cancale.
Heureusement, en approchant de la côte, le brouillard se dissipe et laisse apparaître la baie de Cancale.
La première chose que m’avait dite ma grand-mère était de manger des huîtres sur le port. Mais pas dans un des nombreux restaurants qui le bordent, non, directement au marché des ostréiculteurs. C’est une tradition à Cancale, acheter des huîtres au producteurs et les manger face à la mer.
Le marché est petit, sans chichis, authentique. Ici on est la pour les huîtres et rien d’autre. Notre choix s’est tourné vers les Huîtres Simon, le grand sourire de la dame quand on est passés nous y a incités.
Elle nous conseille de goûter les huîtres plates, la spécialité de Cancale. Elles sont plus rares et ont une croissance plus lente que les creuses. Leur goût est aussi différent, plus brut, typé, légèrement amer. On choisit donc des creuses, des plates, puis direction les marches pour se poser face aux parcs à huître.
On reste là un moment, à profiter du soleil, de l’air marin. Ça fait tellement de bien en plein hiver et après des semaines de vie strictement citadine.
La tradition veut que l’on jette les coquilles vides sur la plage. On n’y a pas dérogé, et c’est en plus amusant de regarder les goélands attendre à l’affût pour les attraper.
Les huîtres ça ouvre l’appétit. Alors après une petite balade dans le village on s’installe à une table au soleil en front de mer. Soupe de poisson, bulots, crêpe : parfait.
On dit souvent que les restaurants de front de mer sont tous les mêmes et tous mauvais. Comme toutes les généralités, c’est faux. Certes il y a pas mal d’arnaques, mais si on prend le temps de choisir on trouvera toujours une bonne adresse. Une carte simple et cohérente, des produits du coin, un accueil chaleureux, c’est souvent la garantie d’une bonne table.
L’île et la plage du Petit Chevret
Les arrêts entre Cancale et Saint-Malo sont nombreux. Le coin regorge de petits endroits, plus ou moins cachés et tous plus beaux les uns que les autres. Entre la Pointe du Meinga et l’Île Besnard, se cachent l’île et la plage du Petit Chevret. On y accède en traversant le petit village de La Guimorais.
Après s’être garés, on prend à pieds la petite route qui mène à la plage, sans trop savoir ce qui nous attend. Elle traverse un petit bois d’arbres hauts et clairsemés, où la lumière perce à travers les branches. Normalement à cette heure de début d’après-midi, la lumière est toujours mauvaise, trop dure et verticale. Mais là, elle est étrangement chaude et rasante, comme une fin de journée. J’ai l’impression que cette forêt est magique.
Depuis la route, un petit chemin en sable mène à la plage. Les odeurs, la lumière, le bruit des vagues, tout me donne l’impression d’une fin de soirée d’été. C’est ma première grande surprise : j’imaginais la Bretagne brute et rocailleuse et je la découvre au contraire douce et chaleureuse.
On a tellement pris notre temps et profité de la beauté du lieu qu’on s’aperçoit qu’il est déjà tard. On avait prévu de passer prendre notre chambre d’hôtel avant de partir pour le coucher du soleil. Mais plus le temps pour ça, il faut filer.
On s’est levés à 5h ce matin et je commence à être fatigué de conduire. Sur la route j’hésite à laisser tomber, d’autant que le soleil est déjà bien bas. Heureusement, Emilie me convainc de continuer notre route. Et elle a bien fait, car ça aurait été vraiment dommage de rater ce coucher de soleil.
Le Cap Fréhel au coucher de soleil
A une heure de route à l’ouest de Saint-Malo se trouve le Cap Fréhel. C’est le spot parfait pour le coucher du soleil, avec son phare et ses falaises qui alternent entre rouge, bleu et ocre.
Depuis le parking, on peut prendre le directement à gauche par la route qui rejoint le phare. Mais mieux vaut prendre à droite par un petit chemin qui serpente à travers la végétation. Avec la lumière rasante du soir, les buissons s’embrasent et donnent de superbes tons orangés.
Si on a le temps, on peut aussi faire la balade qui longe la mer jusqu’au Fort la Latte (compter 2h aller-retour). Malheureusement, pour nous il était trop tard pour ça.
Saint-Malo et ses remparts
Les remparts de Saint-Malo sont bien connus de ceux qui viennent visiter la ville. On les voit régulièrement dans l’actualité, battus par des vagues monstrueuses lors des grandes marées. Mais ils ont aussi résisté aux bombardements qui ont détruit 80% de la ville lors de la seconde guerre mondiale. Aujourd’hui, on peut en faire le tour pour découvrir la ville et la baie.
Notre hôtel se situe en plein cœur de la vieille ville, et notre chambre est sous les combles. En ouvrant la fenêtre, on a l’impression de se réveiller sur les toits. Avec le soleil, toujours aussi incroyable pour l’époque, et le chant de mouettes, c’est juste magique. Alors on file directement sur les remparts, pour profiter des cette jolie ambiance matinale.
Habituellement, on aime profiter du petit déjeuner à l’hôtel. Mais ce matin on a prévu de se régaler avec autre chose : des Kouign-amann. Il s’en vend un peu partout dans Saint-Malo, mais là où il faut les trouver, c’est à la Maison Galland. Tout y est fait avec amour sur place, à la main, avec de bons ingrédients traditionnels. Bref, moi qui ne suis habituellement pas vraiment sucré, j’avoue que là je m’en suis gavé !
L’Anse du Guesclin
Hier, entre Cancale et Saint-Malo, on avait traversé un lieu qui semblait tout droit sorti d’un rêve. La route serpentait dans la campagne quand tout à coup, au détour d’un virage, sont apparues des dunes cachées sous une fine végétation. Peu à peu, le goudron a disparu sous le sable. On longeait les dunes de si près qu’on aurait pu les toucher en tendant le bras. Mais en moins de temps qu’il n’en faut pour réfléchir, on était déjà loin, avec l’impression d’avoir traversé une sorte de mirage… Le soir à l’hôtel, j’ai cherché où pouvait bien se trouver cet endroit.
Après la balade à Saint-Malo, on avait prévu de visiter le joli village médiéval de Dinan. Mais pas moyen de sortir cette vision de nos tête. Alors on a changé nos plans, direction l’Anse du Guesclin.
Il s’agit d’une petite réserve naturelle protégée. A marée basse, la plage forme une immense anse dorée au bout de laquelle se trouve l’île du Guesclin. Celle-ci a autrefois appartenu à Léo Ferré, qui y vécu dans les années 60. A marée haute l’île redevient coupée du continent, et on imagine aisément l’inspiration qui peut émaner alors de cet endroit.
Le parking est couvert de sable, les roues patinent. On se croirait ailleurs, bien plus au sud. En descendant de voiture, le regard est immédiatement capté par la grande bleue qui se cache derrière les dunes. Il faut faire quelques mètres dans le sable à travers les broussailles, et on la rejoint.
Difficile de croire que l’on est le 17 février. Il fait presque 20 °C, le vent est doux, le sable tiède. Je mets les pieds dans l’eau, elle est par contre bien gelée et me glace les chevilles. Mais c’est si agréable et apaisant.
Dernières huîtres pour la route
L’heure tourne et il faut se résigner à quitter ce lieu magique. On décide de prendre notre temps sur le chemin du retour en longeant la côte, et trouver un petit endroit sympa où manger. On s’arrête à Saint-Benoît-des-Ondes où on avait repéré deux petits restos de fruits de mer.
Manque de bol, il est 14h et il n’ont plus l’air d’avoir envie de servir. Quand on vit à Paris on a tendance à oublier qu’on ne peut pas manger partout à l’heure où l’on veut (oui désolé). Bref. A l’entrée du village, on avait remarqué un petit producteur d’huîtres situé face à une immense anse de mer : La Perle des Grèves. Ni une ni deux, on s’y rend pour y acheter de quoi se faire un dernier plateau face à la mer. Une douzaine d’huîtres, quelques crevettes, un couteau à huîtres gentiment prêté, et nous voilà posés sur l’herbe face à la mer.
Comme si le soleil avait compris que le week-end était terminé, il s’est retiré, laissant place au vent et aux nuages. Il était temps pour nous de rentrer, rendre la voiture et reprendre le train. Mais ce petit aperçu de Bretagne nous a donné envie d’en voir plus, et ce peut-être plus tôt que l’on ne le pense…
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