Il y a des endroits qui vous prennent par surprise. Des lieux qui vous chopent aux trippes, vous avalent tout entier, vous mâchouillent et vous recrachent tout retourné. C’est le cas de Joshua Tree, où nous avons passé 3 jours un mois de juin.
Le Parc National de Joshua Tree est situé dans le désert de Mojave en Californie, à 200 km à l’est de Los Angeles. Son nom vient des Joshua Trees, ou arbres de Josué, une variété de yucca endémique de la région et qui peuplent le parc. Il doit en grande partie sa protection à l’action d’une seule personne, Minerva Hoyt. Dans les années 30, cette femme née dans une plantation du Mississippi a milité corps et âme pour la préservation des zones désertiques de Californie. Ses efforts payèrent puisqu’en 1936 Franklin Roosvelt créa le monument national de Joshua Tree, devenu parc national en 1994.
Si vous avez lu les précédents articles sur la Californie et la Vallée de la Mort, vous savez à quel point j’aime les déserts. Et bien que je rêvais depuis longtemps d’aller à Joshua Tree, je ne m’attendais pas à une telle beauté. En effet, le parc possède quelque chose de particulier, une âme, une énergie quasi mystique sur laquelle j’ai du mal à mettre des mots tant elle relève du ressenti. Mais surtout, ce qui m’a le plus marqué, c’est sa lumière. Forte, douce, éblouissante, pâle, elle irradie les forêts de yuccas et les formations rocheuses qui parsèment le parc.
Vous trouverez dans cet article le récit de ces 3 jours à Joshua Tree, à chasser la lumière de l’aube au crépuscule.
Sommaire
L’énergie et la lumière de Joshua Tree
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L’énergie et la lumière de Joshua Tree
Avant de venir, j’imaginais un endroit plat, parsemé de blocs rocheux par-ci par-là et de yuccas. Comme toujours, des photos et des articles web ne laisseront jamais présager de ce que l’on ressent réellement dans un lieu…
Alors en arrivant le premier soir, à peine quelques kilomètres avalés dans le parc, c’est la claque. La route s’élève légèrement, puis s’ouvre sur une immense vallée. Là des montagnes de blocs rocheux ocres et des yuccas par milliers. On a l’impression d’avoir passé la porte vers un autre monde.
Immédiatement, l’énergie si caractéristique de Joshua Tree nous saisit. Elle ne nous quittera pas durant 3 jours. Cette particularité a attiré de nombreuses personnes en quête de spiritualité, notamment depuis les années 70. Beaucoup lui attribuent la présence d’un vortex magnétique, l’un de ces rares lieux au monde où certaines fréquences d’énergie seraient amplifiées. En réalité, je crois que chacun trouve sa façon de l’expliquer, mais l’énergie de Joshua Tree est indéniable, puissante, presque palpable. Pour moi, elle se manifeste avant tout dans cette lumière unique qui irradie le parc, de la montagne au plus petit brin d’herbe desséché.
Ce premier soir, on s’est arrêtés dans un endroit qui n’a pas de nom, mais qui nous a attirés. Parce que c’est aussi ça voyager, ne pas obligatoirement « visiter » un endroit, mais se laisser guider au hasard de la route. En fouillant un peu, j’ai pu le retrouver : ici.
Jumbo Rocks
La nuit aura été courte. Pour attraper la lumière, surtout en été, il faut se lever tôt. D’autant plus tôt que les distances sont grandes aux Etats-Unis. Ce matin, 50 minutes de route nous séparent de notre destination : Jumbo Rocks.
On arrive très tôt (les exifs de ma première photo affichent 5h14). Tout est silencieux. On se gare à l’entrée du camping de Jumbo Rocks encore endormi, puis on part faire la petite boucle de Skull Rock Nature Trail. C’est un petit sentier bien balisé qui serpente entre les blocs et permet de découvrir la flore discrète du désert. Comptez une petite heure en prenant votre temps. Si vous souhaitez poursuivre un peu la balade, il existe une seconde petite boucle d’une trentaine de minutes : Discovery Trail. Au fur et à mesure du chemin, les lueurs du jour apparaissent petit à petit, jusqu’à l’explosion de lumière.
De tous les amas de rochers que l’on a croisés, Jumbo Rocks a été mon préféré. Le relief vallonné, la lumière et les petits chemins balisés au milieu des blocs et de la flore du désert en font un arrêt sympathique et très accessible. Evitez toutefois la journée si vous venez en haute saison. En effet, la température peut vite être éprouvante et Skull Rock, un rocher en forme de crane, en fait une grosse attraction touristique. Les bus et autres entassements d’êtres humains en bermudas beiges y sont fréquents.
Cholla Cactus Garden
A 13 miles au sud-est de Jumbo Rocks, Cholla Cactus Garden est un étrange endroit. Dans cette partie du parc, plus basse en altitude, les blocs rocheux se font moins présents et les yuccas quasiment absents. Le paysage y est plus aride, désertique et beaucoup moins accueillant. Au fur et à mesure que la route descend, apparaissent quelques cactus puis, d’un coup, il n’y a plus que ça à perte de vue. Ce sont des cactus Cholla, et personne ne sait encore aujourd’hui pourquoi ils sont regroupés si densément à cet endroit.
Une boucle de 400 mètres permet de se balader au milieu des cactus. Attention à ne surtout pas les toucher. En effet, leurs aiguilles sont acérées et se détaches facilement. Redoublez de vigilance si vous êtes avec des enfants. Prenez également de l’eau avec vous, le site est très exposé au soleil, sans un brin d’ombre. Lorsque nous y étions, à 7h du matin, il faisait déjà une chaleur impressionnante.
Hidden Valley
Après une après-midi à buller tranquillement dans la chaleur du désert, on reprend la route vers 18h direction Hidden Valley. Pour découvrir cette vallée entourée de blocs rocheux, rien de mieux de que d’emprunter Hidden Valley Nature Trail. Il s’agit d’une petite boucle d’1h qui serpente entre la végétation et les formations rocheuses.
Vous pouvez continuer l’exploration des environs en suivant l’un des deux autres chemins qui partent d’ici : Baker Dam Loop Trail, une petite boucle de 1 mile qui mène à un tout petit lac de barrage (souvent à sec en été), et Wall Street Mill Trail, un chemin d’1h aller-retour.
Une fois le soleil couché, on continue à arpenter la route, à s’arrêter au fil des paysages croisés. Joshua Tree est comme un monde coupé du monde, un rêve dont il est parfois difficile de sortir. On profite de chaque seconde pour faire durer ce rêve, jusqu’à la nuit tombée. Sur le chemin du retour, on croisera plusieurs groupes garés au bord de la route, sacs de couchage sur le toit de leur voiture, se préparant avec quelques bières pour une nuit sous les étoiles.
Une cabane dans le désert de Joshua Tree
Pour ces 3 jours à Joshua Tree, on rêvait d’une cabane au bout d’un chemin en terre, avec le désert à perte de vue et aucune habitation alentours. En cherchant un peu, on a trouvé notre paradis. Elle se situait au bout d’une ligne droite de 8 km, dont les 2 derniers non goudronnés, avec effectivement rien autour. Un ancienne « cabin » rénovée, posée en plein désert, baignée d’une ambiance rétro/boho. Je rêve encore aujourd’hui de ces après-midis passés sous le porche, à siroter des grands verres de limonade glacée en lisant, avec pour seuls compagnons les oiseaux et le vent brûlant.
Ce matin-là, les premières lueurs du jour par la fenêtre nous tirent hors du lit. A peine réveillés, dans le jardin à l’arrière de la maison, on reste là à admirer le lever du soleil. C’est sans doute le moment que j’ai préféré durant ce séjour. Un de ces instants simples, imprévus au programme, mais qui restent gravés pour toujours.
L’échec Palm Springs
Après ce réveil avec le soleil, on met le cap vers Palm Springs. Les belles maisons, les rangées de palmiers, la vallée de Coachella, tout cela nous disait bien. Il faut compter 45 min de route depuis Yucca Valley où nous logeons. L’altitude passe rapidement de 1000 m à 100 m, et la température monte sévèrement. Au fond de la vallée, derrière les milliers d’éoliennes qui recouvrent le désert, on aperçoit Palm Springs et Palm Desert. Le paysage est assez irréel.
Autant le dire tout de suite : Palm Springs, on n’a pas compris. La ville entière nous a semblé comme un décor sans vie. De plus, tout ce qui peut être moche aux Etats-Unis y est concentré : des pelouses verdoyantes et des terrains de golf en plein désert, des alignements de maisons de millionnaires qui n’y passent que quelques semaines par an, des hôtels qui s’apparentent plus à des boîtes de nuit pour la jeunesse dorée de Los Angeles.
On a essayé de se balader pour voir les fameuses maisons qui font la renommée de Palm Springs. On n’a vu que des rues vides, et les seules personnes croisées étaient les gardiens, ouvriers ou jardiniers, qui nous regardaient d’un œil suspicieux, comme si on venait espionner les maisons de leurs riches employeurs.
Sincèrement, sauf si vous êtes fans d’architecture et que les températures sont plus clémentes, Palm Springs n’est pas un arrêt obligatoire. Voici toutefois quelques rues où vous pourrez voir ces fameuses maisons et rangées de palmiers caractéristiques de la ville :
- East Twin Palms Drive
- South Camino Real
- South Alhambra Drive
- East Sierra Way
Autour de Palm Springs
Si vous n’êtes pas fans de villes, il y a quand même de belles choses à voir autour de Palm Springs.
Par exemple, vous pouvez monter au Mont Jacinto par le Palm Springs Aerial Tramway. Un téléphérique vous mènera à plus de 2500 m d’altitude, offrant ainsi un panorama sur toute la vallée de Coachella. De nombreuses randonnées y sont possibles, dans des paysages de montagne qui contrastent avec le désert en contrebas.
La Coachella Valley Preserve, une petite oasis au milieu du désert, vous offrira un peu de fraîcheur dans la fournaise estivale. Plusieurs petits chemins, assez courts, serpentent au milieu des palmiers. Attention, le site est fermé les lundis et mardis. Nous avons voulu nous y rendre en sortant de Palm Springs. Manque de chance, nous étions lundi. Décidemment, quand ça veut pas, ça veut pas.
Quail Springs
Pour notre dernier soir à Joshua Tree, on avait juste de profiter un dernière fois des routes du parc, s’arrêter un peu au hasard comme le premier soir, et attendre la lumière.
On s’arrête donc à Quail Springs. Facilement accessible depuis l’entrée nord-ouest du parc, c’est un spot parfait pour la coucher du soleil. La route y passe entre 2 petites collines de blocs rocheux, sur lesquels il est possible de grimper. De là-haut, la vue s’étend sur plusieurs kilomètres de plaines couvertes de yuccas, jusqu’aux montagnes qui bordent la partie ouest du parc.
Un dernier coucher de soleil magique, pour 3 jours qui le furent tout autant. Joshua ne laisse pas indifférent. Son ambiance unique, son énergie et sa lumière en font un endroit envoûtant. Et il s’ajoute à la liste déjà longue de ceux que je rêve de revoir un jour.
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Infos pratiques | 3 jours à Joshua Tree
Se rendre à Joshua Tree
Le parc national de Joshua Tree possède 3 entrée :
- à l’ouest au niveau de la ville de Joshua Tree,
- au nord au niveau de Twenty Nine Palms,
- au sud sur la vallée de Coachella.
Tarif d’entrée : $30 par véhicule pour 7 jours. Gratuit si vous disposez d’un pass annuel America the Beautiful ($80 par véhicule) qui permet de ne pas payer l’entrée dans plus de 2000 sites aux Etats-Unis, dont les parcs nationaux. Vous pourrez acheter votre pass hebdomadaire ou annuel aux entrées ouest et nord, ou au Cottonwood Visitor Center situé à l’entrée sud du parc.
Combien de temps y consacrer ?
Je vous conseille de consacrer au minimum 2 jours à la visite du parc, une journée de plus si vous voulez combiner avec la vallée de Coachella. Avoir au moins une nuit sur place permet de profiter de la lumière magique de Joshua Tree et de l’ambiance si particulière du lever et coucher de soleil.
Si vous n’avez qu’une journée de disponible, alors concentrez-vous sur la partie ouest du parc. C’est le secteur le plus intéressant et également le plus accessible. En effet, depuis l’entrée côté ville de Joshua Tree, vous serez en quelques kilomètres plongés au milieu des paysages couverts de yuccas.
Où randonner à Joshua Tree ?
Comme dans la plupart des parcs nationaux aux Etats-Unis, les possibilités de randonnée sont infinies à Joshua Tree. Vous en trouverez la liste détaillée sur le site du National Park Service (NPS). Par contre, attention si vous voyagez comme nous en été, il peut être dangereux de randonner en pleine journée à cause de la chaleur. C’est pour cette raison que nous avons privilégié des courtes marches, d’une heure maximum, comme Hidden Valley ou Skull Rock Nature Trails.
En tous les cas, le NPS rappelle les 10 items de base à emporter avec vous, et notamment beaucoup d’eau, à manger, une protection contre le soleil et une trousse de secours.
Où dormir ?
Nous avons eu la chance de trouver notre paradis au milieu du désert, entre Joshua Tree (la ville) et Yucca Valley. Je vous conseille vraiment de faire de même, et en fouillant un peu sur internet et Airbnb vous devriez pouvoir trouver votre bonheur. Pour 70 ou 100 $ la nuit, vous aurez une cabane joliment décorée, seuls avec le désert et les oiseaux qui viennent vous rendre visite. Les journées et les nuits passés dans notre cabane resteront parmi mes meilleurs souvenirs de voyage.
Camper à Joshua Tree
En dehors des mois d’été où il peut faire extrêmement chaud, vous pouvez camper au cœur du parc national, au milieu des yuccas et des blocs rocheux. Une super expérience si vous êtes amateurs de nuits étoilées, car le ciel de de Joshua Tree est réputé pour cela. Vous trouverez la liste des campings et tous les détails sur le site du National Park Service. En tous les cas, je vous conseille de réserver votre emplacement à l’avance pendant la haute saison, notamment au printemps et à l’automne.
Où manger ?
Durant ces 3 jours à Joshua Tree, le Natural Sisters Cafe a été notre cantine. Une cuisine simple, vegan, locale et bio, et avec le sourire en prime. Je ne saurais trop vous conseiller leurs smoothies, à tomber par terre. Accolé au café, vous trouverez également un petit magasin d’alimentation bio et locale.
Si vous rêvez d’un (vrai) bon café, c’est juste de l’autre côté de la route que cela se passe, au Joshua Tree Coffee Company.
Pour une cuisine un peu plus américaine, un diner sympa est situé à côté également, le Joshua Tree Country Kitchen. Nous n’avons pas eu l’occasion de le tester.
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