Cette année, le 8 mai et le jeudi de l’ascension tombant la même semaine, mon patron a décidé de fermer la boîte. Je n’avais pas prévu de prendre de congés à cette période, mais il était hors de question de passer une semaine à Paris. Cela faisait longtemps qu’avec Alexandra on parlait de partir ensemble quelques jours, si possible au soleil. C’était la parfaite occasion. Direction donc Rosas.
Lundi 10h07 gare de Lyon. Il fait grand soleil, il y a comme une odeur de grandes vacances dans l’air. On monte dans le train qui nous amènera 5h45 plus tard à Gerona. Ce trajet qui pourrait paraître si long est finalement passé en un clin d’œil, à discuter sans fin, regarder le paysage. Aux alentours de Narbonne, le train longe les lagunes et la mer, on se sent déjà loin.
Arrivés à Gerona, on récupère la voiture, on met les lunettes de soleil, la musique et on prend la route direction Rosas. Je me sens bien, en vacances, en voyage, il fait beau et chaud. Les doux paysages de la Costa Brava défilent, tantôt bétonnés, tantôt sauvages. J’adore la côte espagnole, elle est souvent décriée mais je m’y sens bien, elle possède un charme bien à elle. Bien sûr le littoral a été construit de manière frénétique, mais il reste tant de petits villages, de petites criques et plages, cachés et préservés. Et les villes créées de toutes pièces à l’attention des touristes dégagent aussi quelque chose de beau, le charme désuet des stations balnéaires construites dans les années 60-70. On peut y imaginer des familles découvrant la joie des vacances avec tout le confort moderne, entendre le rire des enfants de l’époque qui résonne dans celui des enfants d’aujourd’hui.
Quelques petites courses pour remplir le frigo de l’appart et nous voilà posés.
On part se balader au bord de la plage. L’air est doux et sent bon, le ciel rosé, la mer d’huile, et il y a juste assez de monde pour rendre le lieu vivant, bercé par le rythme constant des vagues.
On se pose à la terrasse de Las Palmeras, qui deviendra notre QG pour la semaine. C’est un restaurant de bord de mer, comme il y en a tant, mais il est plutôt très bon et il dégage une douce ambiance. Il a un petit quelque chose de rétro, avec ses palmiers-néons à l’entrée, sa lumière verte, qui me fait penser aux façades art deco d’Ocean Drive à Miami Beach. On est bien. Il est temps de faire ce que j’attends depuis des jours : commander beaucoup trop de tapas!
Rosas – La plage de Canyelles
Pour un premier jour de vacances au bord de la mer, quand il fait chaud et grand soleil, après l’hiver le plus pourri de tous les temps, il n’y qu’une seule chose à faire : passer la journée à la plage.
On prend la voiture pour rejoindre Canyelles, à l’est de Rosas. Là, après s’être garés, on traverse la plage pour prendre le Camí de Ronda, ces petits chemins de ronde qui longent la côte dans quasiment chaque village de la Costa Brava.
La promenade sent bon le pin et l’eucalyptus. On marche une vingtaine de minute, et le chemin s’ouvre sur une belle plage de sable doré, l’Almadraba.
On trouve un petit spot au bout de la plage, on pose nos serviettes, et on laisse le soleil nous chauffer la peau. J’ai l’impression de recharger mes batteries. Bientôt il fait même trop chaud, moment parfait pour aller tester l’eau. Elle est froide, mais c’est vivable. Après quelques secondes d’adaptation, je pars nager. La mer est turquoise, limpide et calme, je suis bien. La vie devrait être comme ça, tous les jours.
En milieu d’après-midi, l’orage (et la faim) approchant, on fait chemin inverse, en prenant soin de s’arrêter manger des calamars à la plancha trop bons sur une terrasse face à la plage.
Pantà de Sau – Escapade dans la nature
Aujourd’hui on a prévu d’aller explorer un peu les terres, aux alentour de lac de Pantà de Sau. Je voulais voir cet endroit l’été dernier pendant les vacances avec Emilie, mais on n’avait pas eu le temps. Il fait mauvais temps, alors on traîne un peu à l’appart et on part en début d’après midi.
Sur la route, on essuie un méga orage, puis le ciel s’ouvre dès que l’on monte un peu en altitude. Aux alentours du lac de Pantà de Sau, des rochers et des falaises de pierre rouge se dressent au milieu des arbres. On a l’impression d’avoir changé de pays.
Pantà de Sau
Le lac, issu d’un barrage, a la particularité d’abriter une ancienne église immergée à la montée des eaux. Au printemps, seul le haut du clocher est visible, mais à la fin de l’été on peut certaines années en voir la quasi totalité.
L’endroit dégage une ambiance particulière, sombre, très présente mais difficile à exprimer avec des mots et mêmes des photos. Le silence n’est brisé que par les cris et rires d’enfants qui résonnent au dessus de l’eau, comme des esprits habitant les lieux, prisonniers pour l’éternité. Nous ne réussirons jamais à déterminer d’où ils viennent. Derrière nous se dressent des falaises embrumées, inquiétantes, qui ajoutent à l’atmosphère. Mais c’est dans le même temps très apaisant, très inspirant, et on reste là assis au bord de l’eau, sans rien dire, juste se laisser imprégner par ce lieu.
Morro de l’Abella
Après avoir réussi à s’extirper de l’emprise du lac, on roule à travers la forêt par une petite route sinueuse qui s’apparente plus à un chemin de traverse et qui grimpe le long de la montagne. Tout à coup, la route s’ouvre sur le sommet, au-dessus des nuages, et apparaissent des maisons accrochées aux rochers, bordées de pins, entourées de champs en étages où se promènent des moutons. L’impression d’être dans un autre monde est au maximum.
On traverse le village médiéval de Rupit i Pruit. C’est un crève-cœur car on n’a pas le temps de s’y arrêter. Il faudra absolument y revenir un jour. Mais l’objectif est d’être pour le coucher du soleil au mirador de Morro de l’Abella.
Arrivés sur place, on se gare sur le petit parking en gravier au bord de la route (rien n’est indiqué, comment on faisait avant sans Google Maps ?) puis on prend le chemin qui s’enfonce dans la forêt. Il faut descendre, le sol est boueux et glissant, des sortes de marches en pierre sont disposées par-ci par-là, mais c’est assez casse-gueule. Puis au détour d’un buisson :
C’est impressionnant. Le point de vue est un véritable promontoire rocheux dressé au-dessus de la vallée. Je suis comme un fou. Je ne sais plus où donner de l’œil et de l’objectif.
La lumière rasante du coucher de soleil nous accompagnera une grande partie du retour, éclairant les collines et villages alentours.
Cadaqués
A quelques kilomètres de Rosas, par une route qui s’élève en sinuant au-dessus de la mer, on trouve le village de Cadaqués, caché au creux d’une petite baie. Tout autour, des collines sculptées en étages, couvertes de petits arbres et buissons. C’est là que Dalí avait choisi de construire sa maison (plus exactement à Portlligat, juste à côté), et on le comprend. Mais lorsque je repense à Cadaqués, la première chose qui me vient à l’esprit sont trois couleurs : blanc, bleu et orange. Le blanc qui recouvre chaque mur, le bleu de la mer et l’orange des toits.
On a arpenté les petites rues pavées, de la vieille ville jusqu’au parvis de l’église d’où on peut admirer toute la baie. En redescendant sur le port, on s’est arrêté dans l’un des nombreux petits restaurants manger de la bonne friture de poissons.
Puis on a longé la mer, passant d’une crique à une autre, au milieu des pins, cactus et oliviers.
Cet endroit est si paisible, presque isolé, à la croisée des montagnes et de la mer. Je m’y verrais bien passer mes dernières années sur terre, dans une petite maison ici au milieu des oliviers, passer mes journées à lire au soleil puis le soir aller me balader au bord de l’eau. Je crois que ça me suffirait.
Au retour, direction la plage, en espérant profiter des derniers rayons de soleil, et se baigner. Mais le soleil s’en est allé, alors on n’a ni bronzé ni fait trempette. Ça sera pour le lendemain. Mais on s’est posés un long moment, pieds nus dans le sable, à apprécier la douceur d’être là.
Rosas – Journée à la plage
Le dernier jour, il fait super beau et on a envie de profiter au maximum du soleil et de la mer. On se lève tôt pour être parmi les premiers à la plage. Arriver à la plage avant tout le monde ça a toujours un petit quelque chose en plus, l’impression qu’elle nous appartient, paisible, avant le flot des gens. On descend un petit escalier bordé d’eucalyptus dont l’odeur me rappelle mes vacances d’enfance sur l’île de Porquerolles, où les chemins que j’arpentais à vélo avaient ce même parfum. La mer est si calme qu’on entend à peine le bruit des vagues qui glissent sur le sable.
On a passé la journée là, et c’était parfait pour faire recharger à fond les batteries avant de rentrer.
Quand j’avais 20 ans, j’étais venu à Rosas un été avec des copains et ça avait été folklorique, le genre de supers souvenirs dont ont parlera encore à 80 ans en se marrant, mais qui laissent quand même un petit goût de regret quand on y repense seul. Le regret d’avoir été un jeune idiot, de n’avoir rien vu de cet endroit si beau.
En revenant ici, je voulais un peu transformer mon souvenir de Rosas, en faire quelque chose de plus lumineux. Et c’est exactement ce qui s’est produit.
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