Jour 3 | Greenwich Village – Chelsea Market – Ground Zero
Décidément, le décalage horaire est coriace (mais il nous sera très utile demain matin) et j’ai l’impression d’être debout encore plus tôt qu’hier. A 5h j’ai les yeux grand ouverts. La lumière perce à travers le store, alors je me lève pour passer la tête dehors.
Je regarde à droite, à gauche, la lumière est superbe !! Je me recouche mais je tourne en rond dans ma tête, je veux sortir faire des photos. Emilie se réveille. On décide d’y aller et on croise Fanny qui fait aussi des photos depuis sa fenêtre. Nous voilà donc tous les trois dehors à 5h30 du matin.
On se dirige vers Central Park puis on le longe en remontant dans Harlem. L’ambiance est douce, calme, exactement comme on s’imagine New York au petit matin. On croise des lève-tôt qui vont au travail, des couche-tard un peu louches. Les rues sont quasi désertes, avec un vent léger qui fait voler des papiers ça et là. On a l’impression d’être des privilégiés, que la ville nous appartient.
On s’arrête devant la guérite d’une petite dame qui vend du café et des pâtisseries sur le trottoir. Ça sent si bon. Il faut absolument aller prendre un café auprès de ces vendeurs typiques des villes américaines. Ici se croisent les ouvriers en habits de chantier, les cadres en costume, les gens de passage…
On pourrait rester là toute la journée, mais il est temps de rentrer réveiller nos colocs et filer vers le sud-ouest de Manhattan.
Greenwich Village
Arrivés à Greenwich Village, on s’engouffre dans La Bonbonniere pour se faire un bon petit déjeuner américain. En gros cela signifie des œufs, des pancakes et une tonne de bacon. Les diners ont un concept que je n’ai jamais saisi, le « all day breakfast », petit déjeuner que l’on peu prendre toute la journée. Mais un petit déjeuner que l’on prend le midi ça devient un déjeuner, et le soir un dîner, non? Bref. En tous les cas ils souvent très bons malgré leur look défraîchi, leur déco figée dans les années 60. On y ressent la vraie atmosphère des Etats-Unis, à New-York comme dans les coins les plus paumés du Midwest.
Au mur sont accrochées des photos en noir et blanc datant de l’ouverture du restaurant, des coupures de journaux de l’époque. C’est une aventure d’une vie pour ses propriétaires, et ils en sont fiers. J’aime ces endroits qui ne payent pas de mine, mais qui ont une histoire et une âme.
A deux pas de là, on se prend un café au Sweet Corner Bakeshop (oui bon pour l’instant on n’a fait que manger ou boire des cafés) et on part explorer les environs.
Plus communément appelé The Village (c’est un ancien village avalé par New York), Greenwich Village est un quartier résidentiel vivant, culturel, artistique. C’est également le berceau de la culture contestataire gay durant tout le 20ème siècle. On y croisera une voiture de police peinte aux couleurs arc-en-ciel, des roues aux gyrophares. Le jour où on verra cela chez nous…
La meilleure chose à faire est de déambuler au fil des rues, un café à la main, et se laisser porter par la douceur du quartier.
High Line
On remonte ensuite vers Chelsea et le parc de la High Line. Il s’agit d’une promenade construite sur une portion désaffectée de l’ancienne voie ferrée aérienne. Elle donne la sensation d’être coupés de la ville toute en étant pleinement au milieu de bruit et de l’agitation. On cherche l’ombre car il commence à faire très chaud, et on tombe sur une petite portion de la promenade baignée dans un petit centimètre d’eau fraîche. Comme tout le monde, on va patauger dans ce petit bain frais.
Chelsea Market
Depuis la High Line, on peut rejoindre directement le Chelsea Market. C’est un marché couvert, installé depuis 2005 dans une ancienne fabrique appartenant à la National Biscuit Company. Pour la petite anecdote, c’est là que les Oreo ont été inventés et initialement produits. C’est un lieu unique, qui a conservé le style industriel du bâtiment d’origine. On y trouve absolument de tout, mais surtout de bons produits typiquement américain comme du homard, du pastrami ou du beef jerky.
En entrant, premier constat : il y a du monde, et surtout du touriste (comme nous hein). On se dit on reste 10 minutes et on se tire. Puis on trouve un marchand de fruits, alors on s’en achète chacun 500 g, car ça rafraîchit bien. En face il y a un boucher qui vend du beef jerky, et je ne peux pas résister au beef jerky. J’en prend un pack, qu’on entame sévèrement en quelques minutes. Alors on en rachète. On se balade dans le marché et ça devient plaisant, les vitrines et sont belles, dans un style toujours industriel. Tout fait envie, c’est horrible. Emilie et Fanny se font piéger dans un magasin et remplissent leur sac de noix en tous genre. Et nous on se balade jusqu’à rester bloqués devant le Dickson’s Farmstand Meats. Impossible de résister, c’est beau, ça sent horriblement bon. En écrivant ces lignes j’en salive encore et je payerai un billet d’avion pour manger à nouveau leur Big Fred Hot Dog.
Bref, inutile de dire que le Chelsea Market est vraiment un endroit assez unique qu’il faut absolument visiter et où il faut venir manger. Mais mieux vaut ne pas trop s’y attarder non plus sous peine de prendre 5 kg dans la journée !!
Ground Zero
Après Chelsea Market on ne serait pas contre une petite marche digestive. Direction le mythique Flatiron Building, si emblématique de New-York qu’il a donné son nom au quartier entier, le Flatiron District.
Il est également facilement accessible en métro, arrêt 23th St sur les lignes R et W.
Ensuite, on descend en métro jusqu’à Fulton St pour faire 2 choses opposées : voir le site du World Trade Center, puis faire du shopping. Parce que ouai, on a pas peur. Mais en même temps, on se rendra compte que c’était plutôt une bonne combinaison.
Pour rejoindre Ground Zero depuis l’arrêt Fulton St, il suffit de suivre la tour One World Trade Center. C’est désormais la plus haut de New York. « Désormais », car elle s’élève juste à côté de l’emplacement des deux anciennes tours du World Trade Center.
Sur le chemin se trouve l’Oculus. Impossible de rater cet immense bâtiment en forme d’ailes d’oiseau. Il s’agit de la nouvelle gare du World Trade Center. Elle remplace l’ancienne qui a été détruite dans les attentats de 2001. Ce projet monumental a mis 10 ans à voir le jour, et coûté la modique somme de 4 milliards de dollars !! Elle a été imaginée par l’architecte Santiago Calatrava, également auteur de la gare TGV Saint-Exupéry à Lyon. Les deux gares ont d’ailleurs un certain air de famille.
Le site du World Trade Center est en constante construction. Des tours et complexes commerciaux fleurissent un peu partout sur les décombres de l’ancien site. C’est ce que j’aime dans la mentalité américaine, et qui peut être agaçant parfois : « vous avez détruit une partie de notre ville, et bien on va tout reconstruire encore plus grand ». Culture de la mémoire oblige, au milieu du site se trouve une lieu de recueillement.
Ce lieu justement, je voulais vraiment le voir en venant ici. A l’emplacement exact des deux tours, deux trous béants, noirs, où tombe une eau toute aussi noire. Au fond, un puits, où l’eau disparaît. Pas besoin d’expliquer la métaphore. C’est étrange parfois comme les lieux où se sont déroulé des drames conservent cette sorte de lourdeur qui vous écrase. Ici c’est poussé à l’extrême. J’ai les larmes aux yeux, un nœud au ventre, et je me sens comme attiré par ce vide où tout à disparu. Je reste bloqué là de longues minutes, le regard figé vers le fond, avec la sensation que mes pieds s’enfoncent dans le béton du sol. Des gens font des selfies à côté. Je n’ai pas réussi à faire une seule photo.
Ces quelques minutes nous ont retournés, chacun à sa manière, et la légèreté de la journée a disparu. Alors on se dit que la meilleure chose à faire c’est d’être avec ses amis, faire un peu de shopping à l’outlet Century21 juste à côté, puis se retrouver autour d’un café et rentrer manger tous ensemble.
La suite ici : Jour 4 | Brooklyn
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