On s’était quittés en Californie, avec la Vallée de la Mort. Après deux jours tranquilles à Las Vegas, à alterner entre rues à 40 °C et casinos à 17 °C, on prend la direction de l’Arizona. On a rendez-vous avec l’un des plus célèbres parc nationaux, le Grand Canyon, puis la région de Page qui recèle mille merveilles.
Grand Canyon National Park
Durée : 1 jour
Camping : Mather Campground
Spots photo : Viewpoints sur la rim | Desert View watchtower | Little Colorado River Navajo Tribal Park
Randonnée : South Kaibab Trail
Sur la route, il y a de nombreuses choses à voir, dont le Lake Mead et le célèbre Barrage Hoover. Sauf que des dizaines de kilomètres de travaux, ainsi qu’un détour par la Route 66 que nous n’avons pas trouvé bien intéressant, vont sacrément nous retarder. Encore une fois, il faut vraiment prévoir large concernant les temps de trajet aux États-Unis. Mieux vaut ne pas trop se fier au GPS.
En tous les cas on est heureux de retrouver la route et ses paysages après Las Vegas.
A l’approche du Grand Canyon, la route s’élève et on traverse un immense plateau recouvert de verdure. C’est ce qui est le plus impressionnant avec le Grand Canyon, on ne le voit pas du tout venir. On roule sur des dizaine de kilomètres et tout est plat.
On avait prévu d’arriver en début d’après-midi et de faire un bout du South Kaibab Trail (). C’est un chemin de randonnée de 7 miles (11 km) qui descend au fond du canyon, avec un dénivelé de presque 5000 ft (1500 m). Il ne faut surtout pas tenter de faire l’aller-retour dans la journée (250 personne sont secourues chaque année dans le canyon). En revanche, il est possible de ne faire qu’une partie du trail jusqu’à Ooh-Aah Point (1.8 miles A/R) ou Cedar Ridge (3 miles A/R).
Malheureusement, à cause du gros retard sur la route, on ne pourra même pas en faire ne serait-ce qu’une petite partie… En arrivant, il fait presque nuit. Alors on file aux coordonnées GPS d’un point de vue que j’avais repéré, et là je me demande si je ne me suis pas planté. Il y a un parking, et des arbres. Dans le doute, on descend de voiture, on traverse le petit bois sur une vingtaine de mètre, et on tombe sur ÇA :
Il s’agit de Yavapai Point, l’un des nombreux points de vue le long de la rive sud (South Rim) du Grand Canyon. C’est certainement celui que je conseillerais pour une première rencontre avec le canyon. Il conserve la surprise totale, et la vue est la plus dégagée de tous les points de vue que l’on a fait. La sensation devant un tel gouffre est presque pesante. Il est tellement immense que l’on a l’impression de perdre tous ses repères. Pour donner une échelle, la pointe blanche que l’on voit au fond, au-dessus du milieu de la photo, c’est Buddha Temple. Il est situé à 6 km à vol d’oiseau de Yavapai Point. En gros on pourrait faire tenir Paris dans cette photo.
On a réservé un site pour planter notre tente au Mather Campground. En haute saison, il faut réserver son hébergement très en avance. Les sites des campings sont ouverts à la réservation 6 mois à l’avance, et il n’est pas rare qu’ils se remplissent en quelques heures. Mieux vaut se mettre un rappel pour le jour J.
Les nuits sont froides, même au mois d’août. Comme pour le Yosemite, on a tendance à oublier que l’on est a plus de 2000 mètres d’altitude. Cette nuit-là, le thermomètre frôlera le 0 °C. Le lendemain matin, on lève le camp tôt pour admirer le lever du soleil à Mather Point, emmitouflés dans nos polaires et bonnets.
Quand on voyage en été, je préfère toujours les levers de soleil plutôt que les couchers. Tout d’abord car il n’y a jamais personne. Comme le soleil se lève tôt, il faut sortir du lit (ou de la tente) à 4 ou 5h du matin, ce qui pique un peu. Au contraire, il y a toujours beaucoup de monde au coucher du soleil, surtout dans les endroits comme le Grand Canyon et ses points de vue bien aménagés. Ensuite je préfère aussi le matin pour la lumière. En été, au coucher du soleil l’air est souvent trop chaud et les couleurs et contrastes le sont également.
On s’arrête au fil des points de vue qui s’enchaînent le long de la Desert View Drive, qui longe le canyon. Il y a l’embarras du choix et toujours moyen de trouver une petite place sans personne, à condition d’y être tôt.
Il existe plusieurs sites historiques indiens au Grand Canyon, le plus accessible étant Tusayan Ruin et son musée. A 2 km à l’Est se trouve Desert View Watchtower, une tour d’observation construite en 1930 et décorée de pétroglyphes. En prime la vue sur le fleuve Colorado est superbe.
À la sortie Est du parc sur la AZ-64, il ne faut surtout pas manquer le Little Colorado River Navajo Tribal Park. Le point de vue qui surplombe la rivière Little Colorado est impressionnant. On y achète un petit dreamcatcher dont on ne trouvera pas d’équivalent durant tout le reste du voyage. C’est d’ailleurs le seul qu’il nous reste, intact 8 ans après !
Page
Durée : 2 jours
Camping : Wahweap Campground
Spots photo : Horseshoe Bend | Marble Canyon & Navajo Bridge | Lee’s Ferry | Lake Powell
Randonnées : Lower Antelope Canyon | Wire Pass & Buckskin Gulch | Paria Rimrocks (Toadstool Hoodoos)
En Arizona il existe un tout petit point sur la carte que l’on pourrait facilement rater : Page. Mais ce serait une grosse erreur tant cet endroit recèle de merveilles. Dans cette région, la plupart des gens se contentent de voir Horseshoe Bend et d’une visite d’Antelope Canyon, sur leur route pour Monument Valley ou Bryce Canyon. Mais je pense qu’il faut au minimum lui consacrer 2 jours pleins, même si 2 semaines ne seraient pas de trop !!
Sur place il y a bien sûr Horseshoe Bend, Antelope Canyon (Upper et Lower), Lake Powell, mais aussi le bijou de l’ouest The Wave (si vous avez la chance d’obtenir un permis), Coyote Buttes, des hoodoos, badlands, slot canyons, etc.
Marble Canyon & Lee’s Ferry
Après le Grand Canyon, on prend donc la route pour Page vers le nord, avec un premier arrêt à Marble Canyon. A cet endroit, le fleuve Colorado est enjambé par Navajo Bridge, 2 ponts jumeaux dont l’un date de 1929.
Juste après Navajo Bridge, on prend la petite route de Lee’s Ferry. Sur le bord de la route sur trouvent Balanced Rocks, deux impressionnant rochers en équilibre. On hésite à se mettre dessous, c’est assez impressionnant en réalité !
Lee’s Ferry c’est aussi le seul endroit où le Colorado est accessible en voiture entre le Lake Powell et le Lake Mead. C’est donc l’occasion de le voir au plus près et même d’y faire du kayak ou du paddle. De nombreuse compagnies proposent des randonnées sur l’eau entre Page et Lee’s Ferry.
Horseshoe Bend
On reprend la AZ-89 sur quelques kilomètres vers le nord et le célèbre Horseshoe Bend. L’accès se fait par un chemin d’environ 500 m en plein soleil et il commence à faire une chaleur difficilement supportable. Mieux vaut prendre de l’eau. On ne distingue pas vraiment ce qui nous attend avant d’être vraiment devant. Et là…
Comme toujours face à un tel gouffre, on se sent comme attiré par le vide. Le Colorado se trouve 300 m plus bas. On pourrait donc faire rentrer la Tour Eiffel dans Horseshoe Bend…
On reste là, scotchés par la vue. Sur place il n’y a pas grand monde, mais on est en 2010. Depuis, la popularité du site a explosé avec les réseaux sociaux et particulièrement Instagram. De quelques milliers de visiteurs par an jusqu’au début des années 2010, le site en accueille désormais près de 2 millions. A tel point que le NPS et la ville de Page ont entrepris de gros travaux depuis fin 2017, dont la construction de parkings et d’une plateforme avec rambardes de sécurité au bord de la rim.
C’est toujours un peu triste lorsqu’un site ne peut rester vierge en raison de sa fréquentation. Je sais que c’est hypocrite aussi de penser cela lorsqu’on poste soi-même des photos du site sur Instagram… Mais je me sens chanceux d’avoir pu le voir et en profiter lorsqu’il n’était pas encore si populaire et fréquenté.
En arrivant à Page, on pose notre tente au Wahweap Campground, que l’on a choisi pour sa vue sur le Lake Powell. Ce qu’on n’avait pas choisi en revanche, ce sont les 40++ °C qui y règnent de 9h à 21H, et les 30 °C la nuit… En plein été, si vous êtes sensibles à la chaleur, mieux vaut donc prendre un hôtel.
Le réveil à 4h30 ce matin, la route et les visites de la journée nous ont bien crevés. Après avoir profité du coucher de soleil sur les hauteurs de la marina, on s’écroule dans la tente. Et ce n’est pas la chaleur qui nous empêchera de dormir.
Sur la dernière photo, au fond on distingue le territoire Navajo. C’est là que l’on se rendra demain matin.
Lower Antelope Canyon
Départ à 7h. On a rendez-vous à 8h à Lower Antelope Canyon. Pourquoi avoir choisi Lower plutôt que Upper, alors qu’il n’a pas les rayons de lumière du second ? Premièrement car il y a moins de monde. Ensuite car à l’époque il suffisait de venir avec un réflex et un trépied pour obtenir un pass « Photographer », sans surcoût (!!!). Cela vous autorisait à vous balader à loisir dans le canyon sans être obligé de suivre un guide. Aujourd’hui ce n’est plus possible, les « Photographer Tour » coûtent environ 100$ par personne, sans totale liberté de circuler sans guide… Enfin, Lower est plus fin, plus fun avec des passages sur échelles, et possède plus de nuances dans les couleurs et les lumières.
A la différence de Upper où il faut absolument réserver à l’avance et où l’accès se fait en 4×4 conduits par les Navajos, Lower est accessible en voiture et il suffit de se présenter à la guérite. Après avoir payé la Navajo Nation Fee, vous pouvez choisir entre les deux seules compagnies qui organisent les visites : Kens Tour et Dixie. Il faut parfois attendre un petit peu, selon la fréquentation, donc si vous n’avez pas beaucoup de temps, réservez tout de même un créneau à l’avance.
Munis de nos pass « Photographer », le guide nous dit de suivre le groupe pour entrer dans le canyon, et qu’ensuite nous serons libres. Le canyon fait seulement 400 m de long, et il est tellement fin que l’entrée est presque invisible. Mais une fois la tête passée sous terre, on entre dans un autre monde…
Wire Pass & Buckskin Gulch
Aujourd’hui c’est notre journée slots canyons. Un slot canyon est un canyon très étroit et profond, formé par le ruissellement de l’eau à travers la roche. Et après celui de Lower Antelope canyon, on a rendez-vous avec deux autres : Wire Pass, dont certains passages sont moins large qu’un être humain, et Buckskin Gulch, le plus long au monde (12 miles).
Attention : Les slots canyons peuvent être très dangereux en raison des flash flood (crues éclair) qui peuvent s’y produire. Régulièrement des personnes se font piéger et perdent la vie ainsi. Même s’il fait beau, un orage à 50 km en amont peut entraîner un flash flood. Avant de vous aventurer dans un slot canyon, toujours se renseigner sur les conditions. Pour la région de Page, la Paria Contact Station du BLM (Bureau of Land Management) sera en mesure de vous donner des informations fiables.
C’est là que nous nous sommes rendus avant de nous aventurer dans Wire Pass et Buckskin Gulch. Les rangers nous confirment qu’il n’y a apparemment pas de risque de flash flood.
Pour accéder au site, il faut emprunter la House Rock Valley Road, environ 2 miles à l’ouest de la Paria Contact Station (ici). C’est une piste, donc non goudronnée. Elle secoue un peu et par endroits il faut rouler au pas. On se fait une petite frayeur en traversant un lit de rivière asséché mais assez profond (notre 4×4 nous aidera bien). Au bout de 8 miles on arrive au trailhead de Wire Pass. C’est également le trailhead pour The Wave, mais on n’a malheureusement pas gagné à la loterie. On croise les doigts pour une prochaine fois…
L’accès au trail nécessite un permis (6$/personne). Il s’obtient simplement sur le parking, en remplissant une enveloppe avec les informations demandées et le cash, puis en la déposant dans l’urne. Un petit coupon détachable sert de preuve et doit être posé en évidence sur le tableau de bord. Beaucoup de sites naturels, de campings, trails se font ainsi en « self-payment », et personne ne fraude. Je me demande toujours s’il en serait de même chez nous…
En,fin, avant de se mettre en route, il faut noter son nom et sa destination sur de carnet de self-registration. Ce type de registre est fréquent dans l’Ouest, pour les trails peu fréquentés. Il sert aux rangers en cas de personnes disparues. Ici, il est accompagné d’un petit guide de bonnes pratiques à gauche, titré « DON’T DIE OUT THERE! ». Trop mignon.
Le trail suit d’abord un wash (lit de rivière asséché), puis on entre dans Wire Pass par une petite ouverture dans la roche.
Le canyon est vraiment étroit. Par moments on doit avancer de côté car les épaules ne passent pas, grimper sur des rochers. Les troncs d’arbres laissés entre les parois 10 m au-dessus de nos têtes par les flash floods ne sont pas là pour nous rassurer. Après 500 m dans Wire Pass, on débouche sur Confluence, où il rejoint Buckskin Gulch. Les parois sont impressionantes, et en cherchant bien, on peut trouver des pétroglyphes gravés dans la roche.
Il faut ensuite prendre sur la droite pour suivre Buckskin Gulch. Il est plus large que Wire Pass, mais surtout beaucoup plus haut, à tel point que parfois on ne voit plus le ciel. Il paraît plus brut aussi, ses parois ont quelque chose que je trouve violent, torturé.
Lorsque le chemin devient trop boueux, on fait demi-tour. J’avoue que c’est aussi un peu angoissant. Depuis le début on n’a croisé personne, et les slots canyons donnent une certaine impression de claustrophobie. C’est une vraie expérience à faire.
Au retour, on note sur le registre que nous sommes bien rentrés, et on reprend la route vers Page. La lumière est rasante sur la House Valley Rock Road, c’est splendide.
Paria Rimrocks (Toadstool Hoodoos)
Le lendemain, on a prévu de rejoindre Bryce Canyon en Utah par la Cottonwood Canyon Road. Il s’agit d’une route non goudronnée de 47 miles (76 km), qui traverse Grand Staircase-Escalante National Monument. Elle est réputée être l’une des plus belles de l’Ouest. Mais voilà, elle nécessite un 4×4 avec haute garde au sol, ça on a, mais certaines portions sont infranchissables si elles sont humides. Et malheureusement, des orages sont passés dans le coin ces derniers jours.
On se rend à la Paria Contact Station pour prendre des infos auprès des rangers du BLM. Et malheureusement, comme on le craignait, ils nous déconseillent de l’emprunter. Dommage… Ça sera pour une prochaine fois.
À 1 mile à l’Est du bureau du BLM se trouvent les Paria Rimrocks, plus connus sous le nom de Toadstool Hoodoos. Les hoodoos sont des colonnes de roche de plusieurs mètres de haut. Elle se forment par l’érosion d’une roche sédimentaire sous une roche plus dure. C’est ce qui donne parfois l’impression qu’elle sont coiffées d’un chapeau de pierre.
Le site est facilement accessible, peu fréquenté et gratuit. Il faut simplement mettre son nom dans le registre au départ du trail (et au retour). On suit d’abord un wash, puis on voit apparaître les premiers hoodoos.
Il règne ici une ambiance particulière, étrange et fun à la fois, car ces formes paraissent vivantes. J’ai l’impression qu’elles jouent à « un, deux, trois, soleil » et bougent lorsque l’on a le dos tourné. Les couleurs des roches sont également incroyables, comme peintes à la main. On a vraiment adoré l’endroit.
Après cette jolie découverte, on reprend la Highway 89 (à défaut de Cottonwood Canyon Road) en direction de Bryce Canyon.
Rendez-vous plus tard, en Utah !
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