Après l’hiver, le gris, la nuit, la pluie, les premiers week-ends de mai sont toujours comme une renaissance. Je pense que ça doit être pareil pour tout le monde. Quand on vit à Paris, c’est le moment de se laisser happer par le plaisir d’une terrasse ensoleillée, d’une balade aux Tuileries, de quelques bières sur les bords de Seine. Ce week-end là, avec Emilie, il fallait absolument que l’on voit de la verdure, et dans cette ville aussi peu verte qu’est Paris, on trouve quelques petites perles qui font s’évader quand il y en a besoin.
Direction le Jardin des Serres d’Auteuil, à la pointe sud du XVIe arrondissement, accolées à Roland Garros. Roland Garros justement, le projet visant à agrandir le site a peu à peu grignoté cet espace préservé que sont les Serres d’Auteuil. Une partie a déjà été rasée, soi-disant en friche et inexploitée. Mais une fois sur place, les énormes travaux, dalles de béton et autre grues font mal aux yeux, à quelques mètres des serres tropicales et des jardins. On a l’impression que le monstre où le gotha vient se montrer 2 semaines par an, où l’argent coule sans retenue sous prétexte de compétition sportive, est en train d’avaler ce petit monde qui n’a d’autre atout que sa beauté naturelle, et qui ne rapporte rien…
Pour le moment, quelques semaines avant le début de la cohue, tout est calme. On arrive à Porte d’Auteuil par la ligne 10 du métro. De là, il suffit de marcher quelques minutes, passer devant l’Hippodrome d’Auteuil, traverser le Square des Poètes, et on y est.
Les serres sont réparties par climats. On passe des cactus où il règne une chaleur désertique à la serre tropicale humide et ses orchidée. Il y a mille détails à observer. Elles ont l’air heureuses toutes ces plantes, dans leur petit monde, protégées de l’extérieur qui leur serait fatal. Il y a aussi un étang, avec des carpes dedans, et une volière où les oiseaux sont aussi colorés que bruyants. On se promène, on passe à droite puis à gauche en suivant le petit chemin, on baisse la tête pour éviter les feuillages. On a l’impression d’être des explorateurs.
En fin d’après-midi, on se pose tranquilles au Parc André Citroën (celui avec le ballon super technologique dans lequel on peut monter).
Pour ne pas rentrer trop tard, car le lendemain Emlie devra courir à travers l’Ile-de-France.
Elle a commencé à courir il y a quelques années, elle qui ne faisait pas un brin de sport avant. Et elle l’a fait pour de bon.
La première fois que j’ai vu Emilie, c’était au festival des Eurockéennes de Belfort, au mois de juillet 2006. J’étais avec des copains, une époque bien différente d’aujourd’hui… Elle portait un t-shirt de Tamtrum, un sombre groupe d’électro-indus que j’adorais. Elle est apparue comme ça au milieu de la foule, et le pote avec qui j’étais m’a dit « Putain il y a une fille avec un t-shirt Tamtrum! ». Un instant plus tard, elle avait disparu dans la foule.
Au mois de septembre, le pote en question qui était parti faire ses études à Lyon m’appelle : « Il faut absolument que tu viennes, tu devineras jamais avec qui je suis coloc ». J’y suis allé. Puis j’y suis retourné.
Et nous voici ce dimanche matin, plus de 10 ans plus tard, devant l’hôtel de ville baigné par la lumière pâle du soleil qui annonce une journée particulièrement chaude pour l’époque. La course de 12 km part de là et finit dans Stade de France. Je la laisse sur la ligne de départ et vais me promener dans le quartier, avant de la rejoindre à l’arrivée.
Même le RER B est agréable, c’est dire. Calme et baigné de lumière.
Certains dimanches on aime bien se faire un brunch au Pain Quotidien. C’est toujours une valeur sûre, et l’assurance d’un petit moment sympa. Et c’est devenu un rituel après chacune de ses courses. On se rend à celui de la rue des Petits Champs (mon préféré), juste derrière le Palais Royal.
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