A l’automne dernier, Emilie fêtait ses 30 ans. Rien de spécial, pas de fête, elle n’avait qu’une seule exigence : être en voyage. Les contraintes de boulot étant ce qu’elles sont, il était impossible de prendre des congés, alors on est partis le temps d’un week-end à la mer.
Arcachon
Après un voyage plus rapide que la lumière (2h) en OUIGO jusqu’à Bordeaux, on récupère la voiture à la gare de Bordeaux St-Jean, et direction Arcachon. La ville est plutôt calme, peu de monde dans les rues. Apparemment le week-end précédent il a fait 30 degrés, et la moitié de Bordeaux était à Arcachon. L’inconvénient c’est qu’on n’a pas la super météo, l’avantage c’est qu’on est tranquilles.
On avait prévu de prendre de petites choses à manger au marché couvert et d’aller se poser au bord de l’eau. Manque de bol, il fait un peu froid et il se met à pleuvoir. Le marché propose quelques petits restos sympas, comme l’Oyster Bar où j’avais bien envie de m’arrêter mais qui était plus que plein. Pas grave, Arcachon regorge de restaurants de toutes sortes, alors on se promènes quelques minutes puis on s’arrête au Petit Louvre, juste à côté de la mairie, manger un bon petit plat de poisson au calme, le temps que le déluge passe.
Dune du Pilat
On se dirige ensuite vers la Dune du Pilat. Honnêtement je ne sais pas trop à quoi m’attendre, j’ai un à priori qui me fait toujours penser que les paysages français ne peuvent pas être vraiment impressionnant. Sur la route, la pluie tombe à nouveau, mais s’arrête lorsqu’on arrive au parking. Là, on voit tout le monde revenir aux voitures avec les chaussures pleines de boue, parfois même jusqu’aux chevilles. Ils ont dû essuyer une sacrée averse et rentrent tous. Qu’à cela ne tienne, on enlève nos chaussures et on prend le chemin qui traverse la forêt jusqu’à la dune, pieds nus.
La dune apparaît au dernier moment en sortant des sous-bois. Il y a un escalier pour monter, mais on préfère grimper les pieds dans le sable, même si on fait un pas en avant et deux en arrière. En arrivant en haut, je commence à comprendre : on s’élève au-dessus de la forêt qui s’étend à perte de vue, le vent est si puissant qu’on a du mal à tenir debout et que le sable nous fouette les mollets, et quand on bascule de l’autre côté de la dune, la vue sur l’océan et le banc d’Arguin est tout simplement à couper le souffle.
En tout on doit être une vingtaine de personnes sur la dune (merci la pluie), alors on profite de l’endroit. La sensation qui s’en dégage est particulière, c’est comme la fin de quelque chose, le lieu où la forêt se mélange au sable, le sable se mélange à la mer, et la mer se mélange au ciel, jusqu’à l’infini.
En redescendant, on aura même droit à une jolie éclaircie.
La Salie
On roule quelques kilomètres vers le sud pour s’arrêter à la plage de La Salie. Il faut se garer au bord de la route puis marcher dans les dunes jusqu’à la mer.
Les petites routes toutes défoncées et bordées de pins qui mènent à la mer sont sans doute ce que j’ai préféré dans le coin. Surtout quand on les a rien que pour soi.
De retour à Arcachon, on passe à l’Hôtel Lamartine récupérer notre chambre, puis on va se chercher un petit resto pour manger. J’avais fait des recherches sur Tripadvisor, Yelp et tout le tralala, et repéré quelques restos avec de bonnes reviews pour l’anniversaire d’Emilie. Mais au détour d’une rue on tombe sur le Ragazzi Da Peppone dont l’ardoise à l’entrée affiche « TOUT ENFANT LAISSE SANS SURVEILLANCE SERA IMMEDIATEMENT VENDU A UN CIRQUE ». On est séduits. Le patron a en effet l’humour assez caustique, mais l’ambiance est cool et chaleureuse et c’est parfait pour bien finir cette journée.
Cap Ferret
Le lendemain, après une petite grasse mat’, on part pour le Cap Ferret. J’ai prévu qu’on aille se balader dans le village de pêcheur de l’Herbe, puis s’y gaver d’huîtres. Mais pas de chance, il a fallu qu’on vienne le jour de l’année où se court un marathon sur toute la presqu’île… Du coup, l’accès à l’Herbe est fermé, comme de nombreuses autres routes. J’avais repéré un autre village de pêcheurs, plus petit, juste derrière le Phare du Cap-Ferret. On s’y rend en essayant de se frayer un chemin au milieu des déviations.
On se ballade un peu dans le village et au bord de la plage, la lumière est belle mais assez dure pour les photos.
Puis on remarque un bassin à l’arrière d’une petite baraque qui ne paye vraiment pas de mine. Devant, aucune indication, aucune devanture, juste une simple ardoise posée à terre. On se demande vraiment si on peut y entrer mais on se lance. A l’intérieur, il y a de la vie, beaucoup de lumière, et une terrasse pleine. L’extérieur depuis la rue ne laissait vraiment pas présager de tout ça. On est accueillis par une gentille dame qui s’excuse de n’avoir plus qu’une table de libre et que cela implique d’être installés sur le sable au pied de la terrasse. On ne comprend pas trop en quoi elle doit s’excuser car ça nous semble plutôt être la meilleure place du monde ! Et nous voilà, pieds nus dans le sable, au soleil, à savourer deux douzaines d’huîtres du bassin, avec quelques crevettes et un verre de blanc, le tout face aux bateaux couchés sur le sable à marée basse et avec vue sur la dune du Pilat. Euh… Il y a moyen qu’on reste là pour toute la vie ?
On réussit non sans mal à s’arracher de ce paradis pour se rendre tout au sud du cap, à la Plage de la Pointe. Là-bas, impossible de se garer, il y a trop de monde. Décidément… Alors on change à nouveau de plan, direction la Plage de la Torchère. La route pour y accéder est fermée en raison d’un dépôt pétrolier situé juste à côté. Il faut donc se garer dans la forêt juste avant, et rejoindre la plage à pied par un petit chemin qui traverse la végétation puis les dunes.
En arrivant, à nouveau le vent déchaîné, la mer démontée en rouleaux anarchiques de plusieurs mètres de haut. La plage s’étend sur des kilomètres, on n’en voit pas le bout, ni d’un côté ni de l’autre. On est seuls et le vent couplé au bruit assourdissant des vagues nous empêche quasiment de nous entendre. Le sentiment de bout du monde est au maximum.
On passe un moment à marcher là, à mettre les pieds dans l’eau, profiter la force paisible des lieux. Puis on retourne à la voiture que l’on doit malheureusement rendre, avant de reprendre le train pour Paris.
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